C’est le cas de le dire au vu du spectacle désolant que l’on observe sur les routes de la ville de Kinshasa. On a l’impression d’assister à un gâchis des deniers publics investis chaque année pour un résultat au finish en-dessous de zéro. Et les poses de premières pierres et les coupes des rubans symboliques devenues monotones finissent par agacer les usagers des routes urbaines qui ne comprennent plus rien à rien.
Car, une fois ouvertes au trafic, ses routes fraichement réhabilités ou ayant reçu un coup de neuf se dégradent aussi vite qu’elles ont été réparées, comme neige au soleil et leur viabilité ne dure que le temps d’un matin. Ce qui pose de questions à la fois sur la qualité et l’expertise des entreprises de construction choisies.
Alors qu’ailleurs, on connait les normes de construction d’une route et sa durée, en Rd Congo et à Kinshasa en particulier, les routes ne résistent pas au temps et on ne semble pas embarrasser outre mesure de tout ce qui peut advenir.
Le plus important, c’est le profit que ces routes mal réparées peuvent procurer à aux réseaux maffieux qui agissent avec de complices et de gros bras tapis dans l’ombre des institutions de la République.
Retour en force de « Libulu Manzengele » partout
Dans ce domaine, certaines artères sont connues de mémoire de Kinoises et Kinois comme de signes implacables d’une certaine maffia qui sévit et qui tire impunément profit de l’argent que l’Etat ou le gouvernement réserve à la réhabilitation des ouvrages, édifices et routes d’intérêt public. On croyait avoir fini avec le célèbre « libulu Manzengele » où on a vu en son temps à la télévision un officiel de premier rang s’exclamer en lingala « Mboka oyo ekobonga te » (Ndrl, « ce pays ne va pas se développer ou se dresser »)
Les dernières dégradations qui interpellent et font mal, sont celles constatées sur les avenues Kabinda, Luambo Makiadi (ex-Bokassa), Commerce au Centre-ville ; Kabambare, l’Hôpital devant le Cdesurc, l’Université, Kimwenza et tant d’autres. La liste n’est pas exhaustive.
Des pans entiers des routes sont devenus des trous béants, remplis de larves de moustiques et de crapauds, perturbant sérieusement la circulation dans un sens comme dans un autre, surtout pour des routes à double sens.
Conséquence : à l’heure de pointe, toutes les ruelles de secours, elles aussi dans un état pitoyable qui devaient servir de voies secondaires sont totalement encombrées.
A première vue, le spectacle offert par ces artères, alors qu’elles venaient pour la plus part d’être fraichement réparées en grande pompe et à coups de publicité et des millions de dollars engloutis pour montrer que le gouvernement de la république travaille, est que ces ouvrages n’ont pas été préalablement inspectés par le Bureau Technique de Contrôle, habilité à recevoir les travaux au nom du gouvernement.
La loi du silence
Tout le monde est complice, « L’ormetta « »ou la loi du silence digne de la maffia règne en maitre dans ce secteur où les marchés publics sont à la tête du client et au porte-monnaie du soumissionnaire.
C’est le constat malheureux que tout usager de la route à Kinshasa peut faire de l’utilisation de l’argent public. A la décharge des entreprises privées qui œuvrent dans ce secteur et dont les conditions de passation des marchés restent entourées de beaucoup de secret, on note que très souvent, l’argent affecté et débloqué réellement pour la réalisation des travaux ne leur arrive qu’au tiers ou au quart du montant global.
Et là-dessus, pour ne pas perdre le marché présent et futur, tout le monde ferme les yeux, l’entreprise de construction en tête.
Malheureusement, en amont, l’argent subit plusieurs coupes sombres non justifiées et de commissions mirobolantes indument perçues avant d’atterrir dans le compte de l’entrepreneur qui ne sait plus à quel saint se vouer.
A la place d’un travail de qualité, pour ne pas perdre la face, l’entreprise de construction fait le minimum syndical de la somme reçue, foulant au passage aux pieds toutes les normes de construction de routes universellement reconnues, dénonce un entrepreneur qui a requis l’anonymat.
La justice doit se réveiller
Ces cas de malversations étant devenus légion, la justice doit absolument diligenter des enquêtes afin de faire toute la lumière dans ce secteur, où la maffia semble avoir une emprise totale sur la qualité des ouvrages, qui saignent les finances publiques chaque année pour de résultats abominables.
D’autre part, des organisations de la société civile qui ont reçu dernièrement une formation sur la passation et le contrôle des marchés publics qui engloutissent près de 70% du budget national à travers Bufordi, doivent absolument exercer leur contrôle sur ces travaux. C’est la seule manière pour le peuple de comprendre les dessous des cartes.
VAN