Quelle est la conséquence de la disparition d’Etienne Tshisekedi sur le plan politique national ? C’est la question que le journal Le Phare a posée à chaud au professeur Alexis Mbikayi Mundeke, politologue et enseignant à l’Institut facultaire des Sciences de l’information et de la communication au lendemain de la mort du président de l’UDPS.
En guise de réponse, pour cet enseignant, l’opposition politique radicale vient là de perdre un grand leader à un moment crucial où les signataires de l’accord du 18 octobre 2016 et le Rassemblement sont engagés dans de pourparlers pour amener le pays vers la première alternance politique civilisée de son histoire à travers des élections pacifiques et apaisées. Cela d’autant, affirme le professeur Mbikayi, que le leadership de l’illustre disparu ne souffrait d’aucune contestation de tous ses pairs. Conséquence, son élévation comme président du Comité de suivi de l’Accord de la Saint sylvestre prouve à suffisance que Tshisekedi était un personnage important.
Ainsi, tout au long de sa lutte et de sa vie publique de plus de 50 ans, il a de tout le temps préconisé la non-violence comme moyen d’action. L’homme est alors passé de l’opposant radical et intransigeant pour endosser le costume d’un homme modéré et un rassembleur qui croyait aux vertus du dialogue à un moment où plus personne n’y croyait, a-t-il indiqué.
Pour preuve, son dernier acte de rassembleur est matérialisé par la réunion du château de Genval dans la banlieue de la capitale belge en 2016 où il avait réuni autour de lui plusieurs leaders politiques de l’opposition, ce qui a abouti à la mise sur pied d’une plateforme : le « Rassemblement ». En définitive, Tshisekedi laisse, selon le professeur Mbikayi l’image de quelqu’un profondément attaché à la réalisation de l’intérêt commun et au dialogue.
Quant à l’avenir de son parti, Alexis Mbikayi est formel, cette icône sera difficile à remplacer de sitôt. Car, la vraie difficulté pour l’UDPS à l’heure actuelle c’est de trouver un leadership fédérateur face aux enjeux qui sache gérer les égos et les ambitions de différents membres du parti et du Rassemblement. Dans le court terme, reconnait l’interlocuteur du Phare, il y aura certainement beaucoup de remous au sein du parti et si ceux-ci ne sont pas bien gérés, cela risquerait de conduire à la disparition de ce parti historique de l’opposition congolaise.
Au niveau national, il y a un paradoxe saisissant dans la mort du patron de l’UDPS, a fait savoir le professeur Mbikayi. Tshisekedi disparait certes physiquement, mais comme porte-parole de la majorité silencieuse qui canalisait les aspirations populaires, il ne disparait pas et fera par contre des émules. Pour le politologue, tant que ces aspirations ne trouveront pas un début de solutions par les pouvoirs publics, il y’aura toujours d’autres Tshisekedi pour canaliser ses revendications : accès aux soins de santé, accès à l’éducation, accès à une justice équitable, répartition équitable de revenus, accès à un emploi décent, accès à un logement, etc. C’est cette opposition qui sera toujours permanente tant que l’on ne trouvera pas des solutions durables.
VAN