Dans sa livraison n° 3337 du 29/5/2008, le Phare s’était déjà fait l’écho de l’émotion des « intellectuels et cadres » se disant originaires de NGANDAJIKA face à l’imminence de la loi d’installation de nouvelles provinces, qui risquait de consacrer le rattachement de leur contrée à la future province de LOMAMI,
Ils exprimaient, alors, leur refus de cette dernière perspective dans une pétition adressée à cette fin au Parlement, ce qui aurait tout compliqué concernant Lomami, si l’on s’en tient à ce que le Phare rapporte à ce sujet dans son numéro 3829 du 15 mai 2010.
Mais , une chose est les débats parlementaires tous compliqués qu’ils puissent être, une autre est, autour ou au delà d’eux , l’effervescence suscitée et entretenue par une partie de la classe politique intéressée et impatiente de voir se concrétiser hic et nunc, c.à.d., sans plus des préalables, la disposition de l’article 226 de la Constitution.
Revenons à Lomami, pourquoi les intellectuels et cadres se disant originaires de NGANDAJIKA refusent –ils que leur territoire y soit rattaché ?
Ils se sont expliqués dans leur pétition, mais alors à coup d’arguments dont la pertinence et le fondement sont loin d’être d’une évidence mathématique.
Beaucoup s’en faudrait du reste
Rappelons d’abord que la multiplication des provinces n’est pas une expérience inédite dans notre pays : de quatre qu’elles furent à l’époque de l’Etat Indépendant du Congo à savoir l’Equateur, le Congo-Kasaï, la Province Orientale et le Katanga, elles devinrent six à la fin de la Colonie : le Congo Kasaï et la Province Orientale ayant été chacune scindée en deux pour donner naissance aux provinces de Léopoldville et de Kivu.
Sous le régime de la Constitution de Luluabourg, on arriva au nombre de vingt deux qui revinrent à six puis à onze sous la dictature mobutiste jusqu’à ces jours de veille pendant lequel nous attendons l’installation effective de vingt six provinces prévues par la Constitution du 16 février 2006.
A quoi obéissait et obéit le démembrement du pays ? Au besoin, comme on a l’habitude de nous le claironner jusqu’à satiété, de rapprocher l’administration de l’administré ? Si c’est à cette aune là, alors sont à féliciter chaleureusement ceux qui ont pu gouverner efficacement le Congo Belge, car notre pays, malgré sa vaste étendue , passe pour avoir été l’une des colonies européennes en Afrique à avoir été mieux administrée alors que les moyens de transports, de communications et de télécommunications faisaient défaut ou étaient embryonnaires ou n’en étaient pas encore à la sophistication actuelle,
Imaginez alors ce que le Congo Belge aurait été si les administrateurs coloniaux disposaient d’internet, de phonie, de DHL, de fax, etc.…..
Cette réputation d’efficace gouvernance est, apparemment, loin d’être usurpée de la part des coloniaux qui la doivent, moins aux fameuses chicottes légendaires qu’ à la haute qualité morale et intellectuelle des hommes ayant animé la fonction publique et la magistrature coloniales.
Peu parmi ces derniers étaient dépourvus de bagage universitaire. Illustration : le Gouverneur Général JUNGERS était déjà Notaire lorsqu’il s’était engagé dans l’administration coloniale tandis que SOHIER brillant juriste aussi, a exercé comme magistrat au Congo Belge et par la suite en Belgique où il a fini sa carrière a la tête de la Cour de Cassation .
Les mérites de l’administration coloniale sont d’une telle évidence que même nombre d’anticolonialistes invétérés les reconnaissent, bien sûr pour aussitôt les évacuer, gênés et de mauvaise foi, par une ineptie du genre « mais alors même si tel était le cas, c’était une administration qui visait le profit de la métropole et la mise en valeur des ressources naturelles du pays ».
D’accord mais quels sont, depuis lors, les fins et mobiles de l’administration publique, version Congo Indépendant?
Toujours est-il qu’au terme de quatre vingt ans de la présence belge au Congo, le nombre des provinces n’avait pas dépassé la demi-douzaine, tandis que le Congo indépendant fêtera son cinquantenaire, divisé en vingt six provinces. Et encore le problème ne sera pas clos pour autant.
Personne n’est donc pas dupe de ce qui nous attend et aucun discours ne doit faire illusion.
En effet pas plus que n’importe quel autre argument, le poncif du rapprochement de l’administration à l’administré cache mal les arrière-pensées véritables nourris par les partisans acharnés et intéressés de la scission à outrance des provinces : le rêve malsain de chapeauter de petits fiefs qui en résulteraient et sur lesquels ils ne pourront régner qu’en potentats afin de s’assurer des rentes illicites à leur profit personnel, comme, hélas, c’est la tradition en Afrique.
Chez nous en effet, l’abus du pouvoir est naturellement considéré consubstantiel à l’exercice véritable et effectif du pouvoir ; le fatalisme des populations aidant le phénomène s’accentue au point qu’on peut pas en espérer l’antidote de sitôt.
Aussi est ce pure démagogie que de laisser entrevoir les provinces aux dimensions de chaque tribu propulseront nécessairement nos populations dans l’ère spatiale.
Il n’est qu’à se rappeler la vanité des promesses suivant lesquelles, l’indépendance aussitôt obtenue, les tracteurs devraient délivrer nos paysans de la corvée de la houe : la désillusion est au rendez vous.
Dissocier le sort de NGANDAJIKA de celui de LOMAMI ne vaut pas une bagarre.
En revanche, accentuer le mouvement d’intégration encore plus poussée des tribus par ailleurs voisines , comme dans l’espèce, c’est demeurer dans le sens de l’histoire.
Voici pourquoi.
A l’âge scolaire, mon père, né avec la colonie, était encouragé par mon grand père, justicier à la cour du chef Ngandajika, à refuser et à fuir l’école. Quand sorti de l’adolescence, l’heure du choix se présenta pour lui: à la force publique qui recrutait, il préféra aller rejoindre son cousin à Kabinda dans le Lomami, déjà !, pour aller chercher fortune.
Domestique chez un territorial blanc, ledit cousin ne pouvait qu’embrigader mon illettré de père dans le même métier que lui. Ce fut chez un mécanicien blanc de la Messagerie Automobile de Sankuru dite MAS qui amena, à l’occasion de sa mutation, mon père à Kamina Ville.
C’est dans cette dernière ville que mon père se décida de s’installer à son propre compte comme mécanicien vélo, métier dont il avait assimilé la pratique au contact de son patron,
Longtemps après, mon père devait devenir en plus commerçant des vélos et un notable de la ville.
Cependant comme pour maints autres congolais venus du Kasaï au Katanga à la recherche du mieux être les élections de 1959 sonnèrent le glas de le séjour de mon père à Kamina.
En effet, au lendemain de ces événements, le petit monde congolais s’effondra pour emprunter à Chinua Achebe le titre de son roman, Plus particulièrement celui de mon père et nous avec lui, sa qualité de trésorier du MNC Lumumba local l’ayant fait déclarer persona non grata par la CONAKAT/Kamina, et c’est à Ngandajika qu’il fut contraint de revenir, nous avec lui.
A tous points de vue, ne pouvaient guère être réjouissantes pour nous, les perspectives de vie dans cette petite cité agricole qui allait être appelée pompeusement arrondissement du Sud Kasaï par Kalonji Mulopwe.
D’où l’inspiration paternelle de nous envoyer étudier à Léopoldville où je suis depuis plus de quarante ans, exerçant comme avocat après une éclipse de 6 ans comme magistrat à l’intérieur.
Le lecteur voudra bien m’excuser de ce détour par mon itinéraire personnel.
La nécessité d’illustrer mon propos m’y a contraint.
Je peux me tromper mais mon profil, à peu de différences près, est le même que celui de nombreux membres du camp de refus qui se targuent d’être de Ngandajika pour peu que moi.
En effet, les originaires de Ngandajika éparpillés à travers la République n’ont parfois gardé avec cette contrée qu’une attache affective et historique.
Rares y sont domiciliés, y résident ou y détiennent des intérêts matériels significatifs, sauf peut être à nourrir des rêves d’y réaliser des projets nécessitant des moyens qui tarderont encore pour longtemps à être réunis.
Malgré cela, je peux d’égale façon me réclamer de Ngandajika, patrie de mon père ; comme de Kamina, ma ville natale ; comme de Kinshasa, ma ville d’adoption où j’ai étudié, et vis actuellement avec une forte probabilité d’y être enterré, comme de Kisangani, de Buta et d’Isiro, où j’ai exercé ma carrière de magistrat.
Je jouis donc sur Ngandajika d’une légitimité suffisante en tout cas pour dénier au camp du refus , le monopole d’amour patriotique envers Ngandajika et surtout, comme tout congolais je crois avoir le droit de contredire son argumentaire qui , cela soit dit sans l’intention d’offenser qui que ce soit, est d’une triste banalité .
Si on élève un peu les débats, on ne manquera pas de constater que le camp du refus, à mon humble avis, se trompe lourdement d’idéal, d’époque, de pays et des hommes .
C’est en faveur de la position inverse à laquelle je me rattache que militent des raisons considérables et quasi objectives ,
D’un, on ne peut pas alors que nous sommes censés appartenir à un même pays invoquer des principes de droit international relatifs aux droits des peuples à s’administrer eux mêmes comme si du rattachement de Ngandajika à Lomami résultera la mise des populations de Ngandajika sous le joug des peuples non seulement étrangers mais en plus hostiles. Sans vouloir le dire,on lit entre les lignes que le camp du refus vise les Songye.
L’ironie et le comble de cette situation est que ceux qui appréhendent d’être administrés par les Songye sont ceux là mêmes qui suscitent, plus à tort qu’à raison, chez les autres tribus de la République des fantasmes d’invasion et de domination.
Feu NYAMWISI MUVINGI, avec son bagout au service des excès de langage qu’on lui connaissait n’hésitait pas de qualifier KYUNGU wa KUMWANZA et ses partisans de héros de la lutte de libération contre les Kasaïens, d’où les Songye n’étaient pas exclus.
De deux, on dirait que l’Histoire est en train de bégayer, car c’est notoirement connu que certains Kanyoka , Songye et Tetela, et non de moindres, car ayant eu voix au chapitre mobutiste , avaient eu à exprimer plus ou moins ouvertement de réticence ou de réserves à partager la même province du Kasaî Oriental avec les Luba par crainte d’être « dominés » par ces derniers. Leur opinion n’avait pas pesé lourd alors.
Eux-mêmes ou leurs émules ont rongé leur frein pour faire triompher leur thèse à la faveur de la Constitution du 16 février 2006.
A la veille de la séparation administrative à l’horizon et au et en terme de cohabitation des tribus il aurait été intéressé, pour l’histoire, d’établir si oui ou non les craintes nourries alors étaient vérifiées dans les faits et dans quelles proportions.
Pour revenir au District du Lomami en passe de devenir province, sauf erreur de ma part, son premier Commissaire de district congolais en 1960 qui a fait la remise et reprise avec son prédécesseur belge a été MABIKA KALANDA ?
Ce n’était pas un Kanyoka, un Songye ou un Tetela.
Cela s’appelle l’Histoire que les gens de Ngandajika peuvent revendiquer ensemble avec les Songye.
De trois, le précédent selon lequel Ngandajika n’a jamais été rattaché à l’ancienne Province de Lomami ni en fait ni dans les projets des constitutions qui ont émaillé notre vie nationale, ne justifie en rien qu’on ne puisse pas tenter l’expérience cette fois.
Il y a un début et une fin à tout.
A-t-on déjà pensé que Lomami a été rattaché au Kasaï Oriental sans que les Songye fassent tout un plat de la question ?
De quatre, est sans pertinence l’argument de la proximité administrative, car depuis la colonie, quand il n’y avait que la marche à pieds jusqu’à ce jour, Ngandajika, comme territoire, dépend toujours administrativement de Kabinda.
Il peut très bien le rester comme futur district, sans la moindre perturbation. D’où proviendra-t-elle , du reste ?
Pallier aux distances d’ailleurs est un jeu d’enfants avec les moyens modernes et hypersophistiqués de transport, de communication et de télécommunications.
Croire que les choses devaient demeurer en l’état où elles sont maintenant, non seulement serait aberrant- la multiplication des provinces ayant été réclamée comme une condition sine qua non de développement – mais en plus, c’est désespérer que les chantiers dans ces domaines n’arrivent jamais au LOMAMI.
De cinq, grenier agricole, Ngandajika territoire du Kasaî Oriental , alimente Mbuji Mayi , bien sûr. Va-t-il cesser de le faire quand il sera district dépendant du LOMAMI ? Oui, dit le camp du refus qui voit les futures provinces sous le prisme des Etats indépendants condamnés à vivre désormais en autarcie étanche. Même l’ALBANIE d’Enver HODJA, la COREE de Kim IL SUNG et la CHINE de MAO commerçaient quand même avec les sales capitalistes.
Est-ce que le Katanga de Tshombe et Munongo, par la suite le Katanga de Kyungu avaient fermé hermétiquement ses frontières avec le Kasaî ? Kaniama est loin de Lubumbashi sans qu’il en soit mort économiquement.
Vraiment il y a dans cet argument quelque chose de pathétique chez ces messieurs qui jouent à nous faire peur au point de verser dans l’hystérie.
Non,on ne peut pas s’attarder à des considérations de ce genre, quand on sait que Lodja ou Lusambo, distants de Mbuji Mayi de plus de cents kilomètres commercent quand même avec le chef-lieu. Pourquoi ne les avait-on plaints, ne les plaint – on pas ? Parce qu’ils ne sont pas Ngandajika ? Cela est loin d’être très sérieux.
De six, nous ne pouvons suivre le camp de refus quand il prophétise que socialement et culturellement de graves malentendus surviendraient entre les populations Luba et Songye de Ngandajika avec les autochtones de la future province. Qui sont ces derniers sinon les Songye aussi ? Veut-on suggérer que les mœurs sociales et culturelles des Luba et des Songye seraient tellement irréductibles et inconciliables qu’ils ne pourront jamais cohabiter? Est-ce qu’un intellectuel ou un cadre peut soutenir pareille thèse sans tomber dans le ridicule? Ce serait là plus que du délire.
Dans tous les cas, comme sous la colonie, sous la dictature et maintenant sous la démocratie que nous sommes supposés en train de construire, il existe des modes et cadres légaux et politiques, pour vider des malentendus si jamais il y en aura. Et tout d’abord de quels malentendus il pourrait y avoir ?
De sept, les Luba ont toujours eu une certaine vocation à l’émigration. Pour une fois que l’opportunité est offerte à ceux de Ngandajika de satisfaire cette tendance dans l’espace du Lomami qu’ils auront désormais en partage avec les SONGYEIl , certains d’entre eux font la fine bouche. Ils ont tort.
De huit, dans les mœurs politiques congolaises pourries par les questions de géopolitique ouvertes ou cachées, n’est-ce pas un avantage des Luba de Lomami d’être comptés dans un quota autre que celui des deux Kasaî ?
La crainte est peut être de se voir devenir une minorité tribale au Lomami, mais Bon Dieu depuis quand les minorités peuvent avoir peur dans une démocratie qui est la loi de la majorité avec respect et protection des droits de la minorité? A moins d’avoir des doutes sur la démocratie, cette appréhension ne tient pas la route.
Rien ne dit que tous les Luba à Ngandajika ont et auront une même opinion sur tous les problèmes de la Province au point d’être toujours et à jamais dans l’opposition,
La preuve, c’est le rédacteur du présent article qui est en dissidence avec le camp du refus. Des émules et des partisans ne peuvent pas lui manquer. Au contraire.
De neuf, signalons cette contradiction qui consiste à accepter d’être une minorité non originaire dans d’autres provinces du pays et refuser d’être une minorité originaire de sa propre province en plus voisine d’une province où les Luba sont majoritaires.
Craint- on que les gens de Ngandajika soient un jour refoulés des autres districts de Lomami si jamais ils s’y installaient ? Pas autant que les Bena Kapuya le seront par les Bena Kalambayi !
De dix, les tribus comme facteur et forces politiques, c’est une évidence mais de là à croire qu’elles sont constituées des membres fidèles et soudés en bloc monolithique, il y a un fossé qu’on ne peut sauter aussi allégrement.
La même chose, est abusif le fait de s’imaginer que le progrès du pays passe nécessairement par des Provinces caractérisées par l’homogénéité tribale de sa population.
Beaucoup de Bakongo ont cru en une Université KONGO avec des campus à Kisantu, à Matadi et à Boma.
Las, les Bayombe, soupçonnant les Batandu de s’être réservés la part belle, ont préféré une Université propre à eux, avec toutes les facultés réunies à Boma si pas dans le Bas fleuve.
Le Kongo Central pourrait suivre le mouvement. Au Sankuru les Tetela de la forêt ne seront-ils pas tentés de s’ériger en province, seuls , eux qui font tout récemment des problèmes aux Tetela de la savane?
S’ériger en leur propre province pourrait également séduire les Bambole, ou les Topoke face aux Lokole.
On oublie trop souvent que le clivage entre Baluba d’en Haut et Baluba d’en Bas avait empoisonné à un certain moment la vie sociale et politique des Luba-Kasaî, tandis que dans le Haut Lomami des Luba de Kasongo Nyembo et ceux de Kabongo vivent le même climat .
Dans les Bas-Uélés , les Azandé et les Babua, solliciteront d’avoir des provinces séparées un de ces jours.
Qu’on ne se fie pas à l’unité de façade qu’affichent les Ituriens.
Quand ils auront acquis leur province comme ils sont pressés de l’avoir, c’est aux guerres ethniques auxquelles ils nous ont habitués qu’ils vont recourir pour résoudre beaucoup de leurs problèmes politiques. Et la série peut continuer à l’infini dans toutes les tribus de la Républiques sans exception, qui sont de terreaux fertiles pour recevoir et développer les grains de division.
Depuis la Tour de Babel, les Hommes et les Communautés des hommes sont très réceptifs et prompts à la division et les motifs pour exacerber cette tendance jusqu’à la guerre ne manquent pas : tout est question d’ enjeux ou d’occasions.
Celui des enjeux qui dépasse tous les autres est la conquête du pouvoir n’importe lequel et quand on l’a conquis, celui de le garder indéfiniment. Dans ce dernier cas, s’agissant du pouvoir politique qui ignore que pour régner il faut diviser ?
Il arrive cependant que cette pratique démontre ses limites, quand la survie des gens commande leur regroupement et leur cohabitation paisible.
La leçon vient des Balkans, le prototype même des peuples divisés.
Après la cure des nationalismes étroits consécutifs à l’effondrement du bloc communiste auquel ils appartenaient par idéologie plus ou moins assumée, les Balkans sont presque tous candidats à l’adhésion à l’Union Européenne.
Je ne vois pas un scénario différent, tôt ou tard, avec les provinces que la Constitution du 16 février 2006 nous a proposées, faisant croire aux tribus de notre pays que l’enfer qu’elles vivent, pour paraphraser Jean Paul SARTRE, c’est les autres.
Or, c’est évident que les tribus du Congo se sont énormément enrichies de leurs différences réciproques.
Cette constitution, sur ce point, apparaîtra pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être depuis son adoption dans les conditions que l’on sait, un retard regrettable dans la construction nationale d’abord, de l’Afrique Centrale ensuite, et enfin de l’Afrique.
Pour d’autres raisons, même ses partisans envisagent déjà sa révision.
L’immense savant Claude LEVI STRAUSS qui se connaissait dans la profonde nature des hommes disait : « l’exclusive fatalité, l’unique tare, qui puisse affliger un groupe humain et l’empêcher de réaliser pleinement sa nature, c’est d’être seul ».
Le salut du Congolais est hors de la tribu, c’est à cette culture là que nous devons soumettre les générations qui viennent pour nous remplacer.
Sont à encourager toutes les entreprises et les institutions qui peuvent servir de creusets pour unir les peuples de ce pays, ce sera les universités , l’armée, l’administration de non originaires , la magistrature, les sports, les chemins de fer , les routes et les mariages intertribaux…….Ici particulièrement, les Luba prétendent, avec la vanité qu’on leur prête à tort ou à raison, qu’ils sont beaux, et que leur vocation est de perpétuer le genre humain dans ce qu’il a de meilleur.
En refusant d’aller vivre avec les Songye , les cadres et intellectuels originaires de Ngandajika me donnent de trahir quel que peu un aspect essentiel de la culture Luba , ce qui est le comble .Un Songye, professeur d’Université m’a appris un jour ce que j’ignorais que le mobile qui pousse souvent les Hommes Songye à épouser des femmes Luba c’est le désir d’avoir beaucoup d’enfants , ce à quoi répugneraient les femmes Songye.très féministes sur la question.
Le cas était arrivé dans ma famille et j’en ai une explication. Feue ma cousine mariée en deuxièmes noces avec un Songye divorcé lui a laissé huit enfants .alors que le mari n’avait eu que deux avec sa première femme songye comme lui. Entre autres motifs de divorce, elle ne faisait plus d’enfants ce qui ne s’expliquait aux yeux de la famille du mari que par le refus de la femme d’en faire..
A cause de mes neveux ça ne me gène pas d’être originaire de LOMAMI. Il s’agit d’une expérience très intéressante qui mérite d’être tentée.
« Mudiano », comme on dit chez nous .
Maître Léopold MBUYI KAPUYA Meleka
Avocat à la Cour d’Appel de KINSHASA/GOMBE