Après plus de 5 ans de tournage, le comédien Ndungi Mambimbi « Masumu Debrindet » a présenté officiellement au public le samedi 31 août 2013, au Centre d’accueil kimbanguiste, la version définitive de son film «Simon Kimbangu». Ce long métrage écrit en lingala et sous-titré en français évoque le parcours professionnel du patriarche kimbanguiste, ses premiers pas dans l’évangélisation, ses démêlés avec les colons blancs jusqu’à sa déportation à Lubumbashi. Ce palier franchi, Masumu songe déjà au second épisode de son film qui relatera son long séjour en prison et enfin sa mort. Le ministre Banza et le chef spirituel de l’Eglise kimbaguiste, Simon Kimbangu Kiangani, se sont fait réprésenter à cette cérémonie par leurs directeurs de cabinet, Manda Tchebua et Landu.
Tout au début du film, l’auteur nous plonge dans le décor des villages congolais d’avant l’indépendance, une société où règne la polygamie et une gent féminine soumise aux travaux champêtres. Les féticheurs y font la loi…
Kimbangu est catéchiste à la mission protestante de Ngombe-Lutete. Peu après, il entend des voix qui lui demandent d’évangéliser ses frères de couleur. Il résiste et s’enfuit à Léopoldville et preste aux Huileries du Congo Belge «HCB». Curieusement à la fin de chaque mois, il se voit refuser son salaire au motif qu’il l’aurait déjà touché. Intrigué, son employeur, un certain Fernandez le licencie. De guerre lasse, il regagne Nkamba et se résout enfin à servir Dieu.
Un homme providentiel
Par crainte des représailles des colons blancs, très peu des noirs se joignent à lui.
«Dans un avenir relativement lointain, le noir va se défaire de la tutelle des blancs. Débarrasser vous des antivaleurs comme la polygamie, les danses obscènes et autres mauvaises pratiques », ne cesse-t-il de répéter à ses frères de race.
Entre-temps, il commence à opérer des miracles. Une certaine Nkiantondo, gravement malade, est guérie. D’autres enfants malades accourent vers cet homme providentiel qui les soulage de leurs maux. Des Congolais des villages environnants et des Angolais… accourent vers Kimbangu.
Se sentant fragilisé, le révérend Jimming de Ngombe-Lutete lui promet la foudre. Il en est de même de l’Administrateur de territoire Morel, ou encore du féticheur du village…
Comment un nègre peut-il prétendre parler avec Dieu ?
Le 12 septembre 1921, il est arrêté. Il est condamné avec d’autres détenus à la prison à perpétuité le 3 octobre de la même année. D’autres compagnons d’infortune s’en sortent avec de lourdes peines.
Un parcours de
combattant
Dans son mot de circonstance, Masumu a fait savoir que l’événement culturel auquel est convié le public est un long processus qui connait son apothéose cette année.
Tout a commencé en 1988. A cette époque, a-t-il déclaré, il avait joué la pièce théâtrale sur Simon Kimbangu dans des écoles de la capitale et au Palais du Peuple.
Encouragé quelques années plus tard par le chef spirituel de l’époque, Dialungana, il avait réédité son exploit et s’était même produit au Stade Tata Raphäel.
Ces essais s’étant révélés concluants et fort de l’appui de Simon Kimbangu Kiangani, le nouveau chef spirituel, il s’est résolu en 2007 à écrire un scénario et réaliser un film sur Kimbangu.
Le coût global du film est de 56.250 dollars.
« Recruter des acteurs aguerris pour réaliser un film à la mémoire du précurseur des indépendances africaines n’a pas été chose facile».
Plusieurs artistes retenus pour le tournage sont décédés et il a fallu en chercher d’autres pour les remplacer. Le peu d’empressement de certains kimbanguistes à vouloir l’aider et l’accès aux sites du tournage ont été d’autres casse-tête auxquels le groupe a été confronté ces dernières années, a laissé entendre Masumu. Il a déploré « l’injustice » commise à l’endroit de Kimbangu qui a totalisé 30 ans en prison et n’a jamais été médiatisé autant que Mandela ( 27ans en détention) ou Martin Luther King.
Appelé à baptiser le film, Landu a dit qu’il le fait au nom du chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste pour qu’il ait une longue vie, traverse les montagnes, forêts.
Manda a déclaré à son tour avoir associé sa voix aux paroles prophétiques de Landu pour baptiser le film «Simon Kimbangu». Il a félicité l’auteur pour avoir témoigné sur l’illustre disparu. «Témoigner est un acte patriotique», a-t-il indiqué.
Jean- Pierre Nkutu