La police toujours face à la criminalité à Kinshasa

Avenue des Poids lourds, à Kingabwa : vautré sur son siège avant, un homme d’affaires frisant la cinquantaine, son téléphone plaqué à l’oreille et une main maîtrisant le volant, téléphonait l’autre jour, alors que la colonne de véhicules sur cette artère, roulait à faible vitesse en direction de la Gare centrale de Kinshasa. Au loin, un jeune désoeuvré suivait la scène au bord de la chaussée. Son regard était attiré par le téléphone portable. Traversant aussitôt la chaussée, il est parvenu à la hauteur de la jeep. Telle la canne d’un pêcheur, sa main a plongé à bord et accroché le téléphone.

D’un pas lent, le voleur a regagné la chaussée, avant d’escalader le mur de clôture de la voie ferrée de la SCTP et de disparaître dans la broussaille. La victime, traumatisée ne faisait que déplorer la perte non seulement de son téléphone portable, mais surtout du répertoire, ainsi que des documents et photos stockés dans la mémoire de l’appareil. Le petit gadget lui avait coûté 1.200 dollars.

            Selon des habitués de ce tronçon routier, de la Gare centrale au Pont Matete, cette route est le champ de prédilection des extorsions de téléphones portables, des sacs à main, des bijoux et des perruques, par plusieurs bandes de malfaiteurs.

            Entrée Mokali sur le boulevard Lumumba : des taxis et dmini-bus garés à même la chaussée attendent des passagers que tentait de héler les «  chargeurs ». Les uns après les autres, ces passagers montent et s’installent sur les banquettes en bois rembourrées. Autour d’une jeune fille aux deux oreilles bouchées  par des mini-écouteurs et les yeux fixés sur son téléphone, ses voisins dévorent avec délectation et sourire les vidéos de certains réseaux sociaux. Distraite par ce groupe, la jeune fille ne fait pas attention à un délinquant assis à sa droite qui, à l’aide d’une lame de rasoir, troue son sac à main, y introduit sa main pour y soutirer d’autres téléphones, ainsi que des billets de banque.

Les patrouilles pédestres mixtes devraient cibler les rues les plus fréquentées

            Rivière Makelele: après la traversée à gué, des piétons qui la semaine passée, regagnaient à pieds leurs habitations au Camp Luka, sont fouillés par une bande de garnements fumant le chanvre. Tous les biens intéressants trouvés dans les sacs à main sont arrachés. A deux kilomètres de là, au quartier Jamaïque, un deuxième groupe de marginaux brandissant des machettes couvertes de rouille, menaçait de couper les bras aux noctambules qui rentraient chez eux, en empruntant un passage créé à travers des parcelles non clôturées. Quelque part, des membres d’une autre écurie brutalisaient des piétons. Dans le groupe des victimes, il y avait le tenancier d’une boutique que venait de débarquer un motocycliste. Toutes les recettes de la journée emportées, ses téléphones arrachés, l’homme était inconsolable. Son compagnon d’infortune, propriétaire d’une maison de change de la monnaie, était plus malheureux. Sur lui, les délinquants ont saisi une somme importante en francs congolais et 3.660 dollars, ainsi que cent Euros.

            Presque partout dans la ville de Kinshasa, la montée du banditisme ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Les marginaux continuent de frapper avec force, dans les quartiers «  Terre jaune », Bibwa, Camp PM, tout comme dans de coins jadis paisibles tels que Menkao, le quartier semi-rural, Muntu kutina ve et Kingasani ya suka. Les promenades nocturnes sont vivement déconseillées. Car, des bandes de délinquants y font la loi sans crainte des accrochages avec des patrouilles pédestres de la police. Même situation dans les parages de l’Hôpital Marie Biamba Mutombo ou dans les alentours du Marché de la Liberté.

            Au centre-ville, même refrain de plaintes. Le long des rivières Makelele, Ngiri- Ngiri, Kalamu, Mombele, des nids de malfaiteurs y ont élu domicile. C’est là que les marginaux agressent de paisibles citoyens tard la nuit. Et comme partout ailleurs, à ces ghettos, se développent la toxicomanie et l’apprentissage des larcins, et autres actes de violences. Les jeunes filles qui passent par-là subissent dans la plupart de cas, la loi de viols en groupes. Au niveau de la police, l’on reconnait cette persistance du banditisme. Si l’explication souvent avancée est celle du niveau élevé de la pauvreté dans la plupart des familles, la déscolarisation de jeunes, la situation des parents mis à la retraite, ainsi que le chômage endémique y sont mis en exergue. D’où quelques opérations de traque de malfaiteurs se butent au phénomène de surpeuplement des cachots. La capacité d’accueil des amigos de la plupart des commissariats urbains est largement dépassée.

            Le transfert de milliers de délinquants au Centre de formation du Service national de Kanyama Kasese est certes une solution palliative qui a évité l’engorgement des prisons et autres centres de détention. Car, c’est presque chaque jour, que des marginaux appréhendés dans des quartiers mal famés de Kinshasa, se retrouvent entre les mains de la police, pour agressions de paisibles, vols, extorsions, coups et blessures volontaires et autres actes de banditisme. Le cercle vicieux est que si quelques membres de bandes de malfaiteurs sont neutralisés, de nouvelles recrues intègrent les groupes et les attaques reprennent de plus belle. Voilà pourquoi les Kinois souhaitent la construction de nouvelles infrastructures d’accueil et de formation de ce service paramilitaire de la RDC. Tel est le vœu émis ces temps derniers, par les responsables du Commissariat provincial de la police ville de Kinshasa.        

J.R.T.

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