L’Observatoire de la Dépense Publique « Odep » a organisé, samedi dernier au Zoo, avec l’appui d’Osisa, une tribune d’expression populaire « Tep » sur la gestion des taxes du Marché Central. Avec comme intervenants : Jean- Claude Mulombo, administrateur du Marché Central, Guylain Lokofo, président du Syndicat national des vendeurs du Congo « SNCV », Antoine Mingashanga, membre du Conseil d’Administration de l’Odep….
Jacques Katchilewa, chargé des programmes à l’Odep, a indiqué qu’avec la présence de nombreux supermarchés à Kinshasa , vendeurs et administrateurs des marchés ont intérêt à améliorer leurs services. Lui et ses pairs ne sont pas des justiciers mais ont ce souci de voir différentes parties parler clairement des problèmes qui se posent au Marché Central.
Mingashanga a abondé dans le même sens précisant que le Tep est la suite logique de l’enquête menée en octobre 2013 par l’Odep sur la perception des taxes au Marché Central. Les débats ont tourné autour de la gestion, les personnes assujetties à ces taxes et ce qu’on en fait…
L’impôt et les taxes constituent les principaux revenus de l’Etat. C’est ainsi que l’Odep veut voir les gestionnaires du marché et les vendeurs mettre en place un cadre de concertation pour mieux cheminer ensemble.
Graves contradictions
Les animateurs de l’Odep se sont appesantis sur les résultats et les problèmes ayant fait l’objet de cette enquête, à savoir l’évacuation des immondices, des latrines, de la santé des vendeurs, des différentes taxes payées par les vendeurs. On a noté que 1.500 personnes ont été questionnées par les enquêteurs, ont-ils indiqué.
Pour Jean-Claude Mulombo a déploré le fait qu’il n’y a pas eu un travail de recadrage après l’enquête. Les enquêteurs, a-t-il affirmé, ne se sont pas entretenus avec les administrateurs du marché central.
Il a fait savoir ensuite qu’ils suivent à la lettre les instructions de l’Hôtel de ville où ils déclarent régulièrement l’argent collecté. Ils défendent leur budget devant l’Assemblée provinciale et s’en remettent aux directives du ministre provincial des Finances. Il a ajouté que le cadre de concertation est corroboré par la présence de trois syndicats des vendeurs. Il n’existe pas de taxe sur la police mais a reconnu les problèmes de l’insuffisance des latrines et de l’éclairage à la suite des difficultés pour honorer les factures de la Snel.
En sa qualité du président de la SNVC, Lokofo a fait savoir que les enquêteurs n’ont pas besoin de recueillir les données des administrateurs du marché pour faire leur enquête. Avant de reconnaître un manque à gagner en matière de perception des taxes. D’importantes sommes d’argent échappent quotidiennement aux gestionnaires du Marché Central. Le nœud du problème est la présence d’un grand nombre d’agents percepteurs tant au marché central que partout ailleurs.
Contrairement à ses prédécesseurs, M. Lokofo a dénoncé la taxe sur la police et l’irruption d’un troisième syndicat au marché en violation de la loi. Ceci dans la mesure où le ministre du Travail ayant signé cet arrêté est réputé « démissionnaire ». Le cadre de concertation n’existe pas entre vendeurs et administrateurs, a précisé Lokofo. L’autre couac relevé concerne les expatriés qui s’adonnent au commerce de détail.
L’officier de police, Omari chargé de la sécurité au Marché a affirmé que les marginaux qui autrefois donnaient des insomnies aux vendeurs ont quasiment perdu leurs capacités de nuisance, avant de plaider pour le retour de l’éclairage au Marché.
Les vendeurs, quant à eux, sont revenus sur les tracasseries policières, le problème de la double taxation pour un même étalage en ce qui concerne certaines catégories des «négociants» Un intervenant a même affirmé que les vendeurs ne bénéficient plus d’une assistance financière quand ils perdent leurs proches.
Mulombo s’est justifié sur le cas du troisième syndicat en s’appuyant sur le principe du pluralisme syndical tout en promettant de saisir la hiérarchie à ce sujet. Précisant avoir compati, par moments, au malheur qui frappe ses administrés, il a promis d’être beaucoup plus regardant désormais sur ce dossier.
Lokofo a dit de son côté que les policiers s’acharnent souvent sur les vendeurs parce qu’ils ne trouvent pas leur compte. Il y a moyen a-t-il précisé, de leur réserver une quotité sur les revenus perçus car ils sont chargés de protéger l’édifice public qui est le Marché Central.
Reprenant la parole, Mingashanga s’est réjoui du débat qui a eu lieu et s’est dit confiant que désormais les choses ne seront plus comme avant.
Jean- Pierre Nkutu