Conseil de Sécurité des Nations Unies : mise en garde des USA au Rwanda

Dans une déclaration au Conseil de Sécurité des Nations Unies, le mercredi 26 octobre 2022, le représentant des Etats-Unis d’Amérique, l’ambassadeur Robert Wood, a lancé, au nom de son pays, une sévère mise en garde aux groupes armés, dont le M23, et aux Etats des Grands Lacs, dont le Rwanda, qui leur apportent un appui militaire dans des actions d’entretien de l’insécurité dans la partie Est de la
République Démocratique du Congo. Nommément épinglée, l’armée rwandaise a été sommée de cesser son soutien militaire au M23.

Les USA se disent fort soucieux de la persistance des violences de tous genres, depuis des lustres, à l’Est de la RDC, du fait de la nuisance d’une multitude de forces négatives, dont certaines sont entretenues par des Etats de la sous-région des Grands Lacs.
La mise en garde de l’administration Biden porte aussi sur l’interdiction aux groupes armés et à leurs parrains étatiques de profiter de la situation d’insécurité à l’Est de la RDC pour piller ses ressources naturelles. Dans l’espoir du retour d’une paix durable dans les zones troublées, Washington recommande à Kinshasa de ne pas rompre brutalement sa collaboration avec la Monusco (Mission de
l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo), car sa contribution dans la traque des forces négatives reste précieuse.
Les USA ont par ailleurs réitéré leur totale adhésion au processus de Nairobi, qui a jeté les bases solides du règlement pacifique de la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la RDC.
LP
ALLOCUTION LORS D’UNE REUNION DU CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU SUR LA
REGION DES GRANDS LACS
Mission des États-Unis auprès des Nations unies
Ambassadeur Robert Wood Représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales Le 26 octobre 2022
Je vous remercie, Monsieur le Président, et je remercie l’envoyé spécial Xia pour son exposé instructif au Conseil. Je souhaite également souhaiter la bienvenue aux représentants de l’Afrique du Sud, du Burundi, du Rwanda et de la RDC.
La stratégie régionale des Nations unies pour les Grands Lacs est un moyen important d’instaurer la paix dans la région. Nous apprécions également le fait que l’envoyé spécial utilise ses bons offices pour susciter un soutien international au processus de Nairobi. En dépit de ces initiatives, la situation humanitaire et sécuritaire dans la région des Grands Lacs reste profondément préoccupante. Les attaques de groupes armés, parmi lesquels Daech-RDC, CODECO et M23, ont tué
plus de deux mille civils cette année.
Ces violences sont inacceptables, et les États-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables de la RDC. Nous appelons également les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23.
La MONUSCO reste essentielle pour ramener la paix dans l’est de la RDC et dans la région au sens large, et elle mérite notre soutien total et sans équivoque. Elle aussi a subi des pertes au fur et à mesure de la dégradation de la situation en matière de sécurité, avec notamment la mort d’un Casque bleu pakistanais le mois dernier dans une attaque odieuse. Je présente mes condoléances à la mission, au
Pakistan et à la famille du Casque bleu.
La rhétorique anti- MONUSCO augmente le risque déjà important pour les Casques bleus. Nous sommes donc préoccupés par les appels à son retrait immédiat et nous exhortons la RDC à travailler avec la MONUSCO en vue d’un retrait progressif, responsable et conditionnel, guidé par les critères du plan de transition conjoint. Personne ne plaide en faveur d’une présence permanente de la MONUSCO en RDC. Mais elle sert un objectif important qui rejoint les intérêts de la région des Grands Lacs dans son ensemble : protéger les civils, perturber les réseaux illicites et contribuer à stabiliser les institutions de gouvernance et de sécurité.
Les États régionaux, de manière bilatérale et par le biais de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), ont également déployé des soldats pour faire face à l’insécurité croissante dans l’est de la RDC. Alors que ces actions progressent, il est impératif qu’elles n’aggravent pas une situation déjà tendue. À ce titre, nous demandons aux dirigeants régionaux de veiller à ce que les forces bilatérales et multilatérales respectent les droits humains, donnent la priorité à la sécurité des
civils et s’abstiennent de toute activité illicite, telle que l’extraction de ressources naturelles. Il est tout aussi essentiel qu’ils se coordonnent avec les Forces armées de la RDC, la MONUSCO, les organismes humanitaires des Nations unies et les organisations non gouvernementales, et qu’ils complètent leur travail important.
Les États doivent également notifier formellement cette assistance au Comité des sanctions 1533, conformément aux résolutions existantes du Conseil de sécurité, y compris les forces burundaises déployées bilatéralement et dans le cadre de la Force régionale de la CAE. Comme c’est souvent le cas, nous avons passé beaucoup de temps aujourd’hui à parler de solutions militaires à un problème politique. Il va de soi que l’instauration de la paix dans les Grands Lacs ne passera pas par la force. La paix dépend d’un processus politique, d’une volonté
politique et de solutions politiques.
À cette fin, les États-Unis ont annoncé en septembre un financement supplémentaire de 13 millions de dollars pour soutenir un processus électoral transparent en RDC. Ce financement s’ajoute aux 10,75 millions de dollars que nous avons déjà alloués à cette initiative. Nous sommes impatients de voir se dérouler un processus électoral inclusif, qui se conclura par des élections libres et équitables.
Renforcer les institutions démocratiques, rendre justice aux victimes, obliger les acteurs malveillants à rendre des comptes, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales des États et accorder la priorité aux civils sont autant d’éléments qui contribueront à instaurer la paix dans les Grands Lacs. Les populations de la région ne méritent rien de moins. Je vous remercie, Monsieur le Président.

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